Phénotypage histologique de l’œsophagite à éosinophiles
Auteur:
Alexis Heil
Étudiant en 3e année de Master en médecine
École de médecine
Faculté de biologie et de médecine
Université de Lausanne
E-mail: alexis.heil@unil.ch
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Une récente étude publiée dans «International Archives of Allergy and Immunology» s’est intéressée aux différences entre les patients atteints d’œsophagite à éosinophiles (EoE) présentant une maladie localisée et ceux présentant une maladie étendue.1 Dans cette étude de cohorte suisse sur l’EoE (Swiss Eosinophilic Esophagitis Cohort Study), les caractéristiques des patients et de leurs maladies ont été analysées en relation avec la localisation histologique de la maladie le long de l’œsophage (proximale, distale, ou étendue). Malgré la rareté de la maladie localisée au niveau proximal, elle semble manifester un profil distinct associé à une maladie moins sévère et à une progression plus favorable. Cet exposé vise à présenter cette étude.
Keypoints
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L’œsophagite à éosinophiles peut être catégorisée histologiquement en maladie proximale, distale et étendue.
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L’atteinte isolée du segment proximal dans l’œsophagite à éosinophiles est rare, touchant moins de 10% des patients.
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Néanmoins, ceux présentant cette localisation semblent éprouver une forme moins sévère de la maladie et une évolution plus favorable.
L’œsophagite à éosinophiles (EoE) est une inflammation de l’œsophage caractérisée par une infiltration élevée d’éosinophiles. Les symptômes incluent des difficultés à avaler, une sensation de blocage alimentaire et des douleurs thoraciques. Le diagnostic, qui repose sur la détection d’une éosinophilie œsophagienne d’au moins 15 éosinophiles par champ de grande puissance (HPF, «high-power field»),2 peut conduire à des résultats faussement négatifs en raison de la répartition inégale de l’atteinte le long de l’œsophage.3–5 Les recommandations suggèrent la réalisation de biopsies multiples à deux niveaux œsophagiens ou plus pour améliorer la sensibilité.6–8 Le phénotypage de l’EoE, une maladie relativement récente, demeure une exigence non satisfaite. L’identification précoce des patients à risque est cruciale, notamment en raison de la gravité de la sténose œsophagienne.9 Les options thérapeutiques actuelles ne démontrent pas d’effets antifibrotiques prouvés.10
Cette étude1 vise à évaluer la fréquence des localisations proximale et distale par rapport à la maladie étendue, en mettant l’accent sur la maladie proximale, et à comprendre l’impact de la distribution des éosinophiles sur la présentation et l’évolution de la maladie, en particulier le risque de formation de sténose.
Méthode
L’étude1 a défini des critères d’inclusion basés sur des données détaillées du début de la maladie, du diagnostic, de la présentation et de l’évolution. Une méthodologie rigoureuse utilisant des biopsies proximales et distales dans deux flacons distincts a été appliquée. Les critères d’exclusion ont inclus la présence d’autres maladies liées à l’éosinophilie œsophagienne, de maladies non IgE-médiées, et la présence de sténoses œsophagiennes au début de l’étude. La gravité de la maladie a été évaluée à l’aide d’une échelle visuelle analogique pour les symptômes, ainsi que par l’EREFS, évaluant la présence d’œdème, d’anneaux, d’exsudats, de sillons et de sténoses lors de l’examen endoscopique, et par le pic d’éosinophiles par champ de haute puissance à l’histologie. Les complications suivies comprenaient l’impaction de bolus alimentaire, la formation de sténoses, la nécessité de dilatation œsophagienne et l’échec du traitement, défini comme un ajustement du traitement en raison de l’activité continue de la maladie. (Fig.1)
Fig. 1: Méthode de l’étude (créé avec BioRender.com; modifié selon Heil et al., 2023)1
Chaque patient inclus a été regroupé dans l’une des trois catégories prédéfinies: maladie localisée au niveau proximal, maladie localisée au niveau distal, et maladie étendue (proximal et distal), en fonction de la distribution des éosinophiles dans l’œsophage. Les critères de définition des sous-groupes sont les suivants:
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Maladie proximale: ≥15 éosinophiles/HPF dans l’œsophage proximal, <15 éosinophiles/HPF dans l’œsophage distal
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Maladie distale: <15 éosinophiles/HPF dans l’œsophage proximal, ≥15 éosinophiles/HPF dans l’œsophage distal
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Maladie étendue: ≥15 éosinophiles/HPF dans l’œsophage proximal, ≥15 éosinophiles/HPF dans l’œsophage distal.
Résultats
Caractéristiques des patients
Dans cette étude portant sur une cohorte de participants, majoritairement de sexe masculin, s’étalant sur 2,5 ans avec un total de 355 visites de suivi, l’âge médian au moment du diagnostic était de 35 ans, avec une durée médiane de symptômes préexistants de 66,5 mois. Environ un cinquième des participants présentaient des antécédents familiaux d’EoE, tandis que plus des trois quarts avaient des comorbidités atopiques. La majorité était symptomatique au départ, principalement avec une dysphagie.
Localisation de la maladie
Parmi les 124 patients inclus, 8,1% présentaient une maladie localisée au niveau proximal, 37,1% une maladie localisée au niveau distal et 54,8% une maladie étendue (proximal et distal). Les patients avec une maladie localisée au niveau proximal étaient majoritairement des femmes (80%), une différence significative par rapport aux patients avec une maladie localisée au niveau distal ou étendue. Aucune différence significative n’a été observée entre les trois groupes en ce qui concerne d’autres caractéristiques telles que le tabagisme, l’âge d’apparition de la maladie, l’âge au moment du diagnostic, le délai de diagnostic, les antécédents familiaux d’EoE ou la présence de comorbidités atopiques. (Fig.2)
Fig. 2: Prévalence des différentes localisations des maladies au sein de l’étude (créé avec BioRender.com; modifié selon Heil et al., 2023)1
Activité de la maladie
Les patients présentant une maladie localisée au niveau proximal et distal ont été comparés à ceux ayant une maladie étendue en termes d’activité clinique, endoscopique et histologique au début de l’étude. L’auto-évaluation des symptômes sur une échelle de 0 à 10 a montré des symptômes plus importants dans les maladies distales et étendues par rapport à la maladie proximale, tant pour les 24 dernières heures que pour les 7 derniers jours. Cependant, laprésentation clinique était comparable entre les trois groupes, avec la dysphagie comme symptôme le plus fréquent.
Des différences significatives ont été observées entre les trois groupes en termes d’activité endoscopique de la maladie. Les patients avec une maladie proximale ou distale présentaient une maladie globalement moins sévère que ceux avec une maladie étendue, selon le score EREFS. De plus, l’activité histologique globale, évaluée sur une échelle de 0 à 10, était significativement plus faible chez les patients atteints d’une maladie localisée par rapport à ceux atteints d’une maladie étendue.
Modalités de traitement
Au cours du suivi, la grande majorité des patients a été traitée avec des stéroïdes topiques, suivie par le groupe traité par des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), et enfin par ceux suivant un régime alimentaire d’élimination. Aucune différence significative n’a été observée entre les maladies proximales, distales et étendues en ce qui concerne les modalités thérapeutiques.
Évolution de la maladie
Des complications ont été observées chez près des deux tiers des 124 patients inclus dans l’étude. Parmi eux, un petit pourcentage a présenté des obstructions alimentaires, un tiers a nécessité une dilatation, et plus de la moitié a connu un échec du traitement. L’analyse individuelle des patients a montré que ceux avec une maladie proximale avaient moins fréquemment besoin de dilatation par rapport à ceux avec une maladie distale. Globalement, les complications étaient moins fréquentes dans la maladie proximale par rapport à la maladie étendue. L’analyse des visites individuelles a révélé significativement moins de complications dans la maladie proximale que dans la maladie étendue. De plus, moins de dilatations ont été effectuées dans la maladie proximale que dans la maladie distale.
Conclusion
Dans cette étude les auteurs ont examiné la prévalence de la maladie localisée au niveau proximal, distal et étendue dans l’œsophagite à éosinophiles, ainsi que l’influence de la distribution des éosinophiles sur la présentation, le traitement et l’évolution de la maladie. Après analyses, voici leurs principales conclusions (Fig.3):
Fig. 3: Conclusion de l’étude concernant la maladie localisée au niveau proximal (créé avec BioRender.com; modifié selon Heil et al., 2023)1
la maladie localisée au niveau proximal est rare, la plupart des patients présentant une maladie distale ou étendue;
la maladie localisée au niveau proximal est associée à une sévérité clinique, endoscopique et histologique moindre au départ;
elle est également liée à une meilleure évolution au cours du suivi.
En résumé, bien que la maladie localisée au niveau proximal soit observée chez un sous-groupe de patients, elle est associée à une maladie moins sévère et à une meilleure évolution clinique. Ces patients présentent un phénotype distinct. Des études plus étendues avec un suivi prolongé sont nécessaires pour confirmer cette évolution plus favorable de l’œsophagite à éosinophiles localisée au niveau proximal.
Littérature:
1 Heil A et al.: Histological phenotyping in eosinophilic esophagitis: localized proximal disease is infrequent but associated with less severe disease and better disease outcome. Int Arch Allergy Immunol 2023; 1-10 2 Lucendo AJ et al.: Guidelines on eosinophilic esophagitis: evidence-based statements and recommendations for diagnosis and management in children and adults. United Eur Gastroenterol J 2017; 5: 335-58 3 Dellon ES et al.: Distribution and variability of esophageal eosinophilia in patients undergoing upper endoscopy. Mod Pathol 2015; 28: 383-90 4 Collins MH: Histopathologic features of eosinophilic esophagitis. Gastrointest Endosc Clin N Am 2008; 18: 59-71 5 Odze RD: Pathology of eosinophilic esophagitis: what the clinician needs to know. Am J Gastroenterol 2009; 104: 485-90 6 Gonsalves N et al.: Histopathologic variability and endoscopic correlates in adults with eosinophilic esophagitis. Gastrointest Endosc 2006; 64: 313-9 7 Dellon ES et al.: Updated international consensus diagnostic criteria for eosinophilic esophagitis: proceedings of the AGREE conference. Gastroenterol 2018; 155: 1022-33 8 Liacouras CA et al.: Eosinophilic esophagitis: updated consensus recommendations for children and adults. J Allergy Clin Immunol 2011; 128: 3-20 9 Hirano I et al.: Endoscopic assessment of the oesophageal features of eosinophilic oesophagitis: validation of a novel classification and grading system. Gut 2013; 62: 489-95 10 Greuter T et al.: Diagnostic and therapeutic long-term management of eosinophilic esophagitis– current concepts and perspectives for steroid use. Clin Transl Gastroenterol 2018; 9: e212
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